Mais à qui profite la "crise" ?
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Il ne se passe pas une journée sans qu'on nous rappelle que nous sommes "en crise". La télévision, la radio, la presse, nous déclinent continuellement le mot "crise" sur tous les tons. Et le procédé n'est pas nouveau : si vous consultez d'anciennes archives, vous constaterez que depuis, plus de quarante ans, on nous ressasse que nous sommes en crise, et les piqûres de rappel sont permanentes.
Un tel acharnement à nous marteler "la crise" finit par sembler suspect car cela ressemble plus à du lavage de cerveau et à du bourrage de crâne qu'à de l'information réelle et objective. Loin des idées reçues, loin du harcèlement médiatique, la petite analyse qui suit tente de déceler les motivations réelles de cette "crise" permanente où l'on nous plonge volontairement depuis plusieurs décennies.
Raisonnons simplement :
Pour que l'économie reparte, il est indispensable que les entreprises soient de nouveau prospères, qu'elles embauchent à profusion et redistribuent d'abondants revenus. Or pour que les entreprises redeviennent prospères, que faut-il ? Qu'elles tournent à plein régime, qu'elles écoulent leurs biens et services en toute fluidité, donc, en d'autres termes, que les consommateurs consomment. Or, pour que les consommateurs consomment, que faut-il ? Tout simplement qu'ils en aient les moyens. Et c'est tout… Nous venons donc d'énoncer trois vérités de La Palisse, pleines de logique et d'évidence, auxquelles même un enfant de dix ans souscrirait. Mais très curieusement, c'est l'inverse qui est systématiquement mis en œuvre depuis des années.
Comment ?
Les deux principaux freins mis en œuvre pour ralentir la consommation sont le racket fiscal et le trop-plein d'épargne.
1) Le racket fiscal
:
En intensifiant le racket fiscal (pardon, les impôts et les taxes) on prive volontairement le consommateur d'une partie importante de sa capacité d'achat. En un mot, le travailleur ne peut pas réinjecter dans l'économie tout l'argent que ces mêmes entreprises lui ont octroyé sous forme de salaire.
Le circuit monétaire vertueux : entreprise => production => salaire => consommation => entreprise, est donc rompu.
Bien sûr les défenseurs de la fiscalité rétorqueront que l'impôt n'est pas un racket puisqu'il offre un service en échange (routes, hôpitaux, éducation, soins, police, justice, etc…) dont bénéficie tout citoyen. L'impôt serait donc une forme de "participation obligatoire" aux dépenses collectives.
En théorie c'est assez vrai, mais le problème est que ce système de participation obligatoire par l'impôt est complètement détourné de son but initial. Non seulement le citoyen n'a pas son mot à dire sur les dépenses qu'on lui impose, mais en outre nous savons tous que l'Etat est un gestionnaire lamentable et qu'une majeure partie des fonds collectés est totalement gaspillée. Par conséquent le contribuable ne bénéficie pas en retour de ce pour quoi il a été taxé.
Donc il s'agit bien – en partie du moins - de racket, et c'est cette portion de l'impôt qui ne correspond aucun retour, qui déséquilibre l'Economie.
2) Le trop-plein d'épargne :
La seconde raison qui peut nuire à la consommation est l'épargne excessive.
En effet, si une épargne raisonnable est souhaitable à la fois sur le plan privé et sur le plan collectif (puisqu'elle permet à nos systèmes capitalistes de fonctionner) il ne faut pas pour autant qu'elle tombe dans l'excès et bloque la consommation. Si, par exemple, tous les citoyens d'un même pays décidaient, dans un accès de prévoyance, de ne plus dépenser que le strict minimum vital et de mettre tout le reste de côté, une telle attitude de fourmi serait catastrophique pour l'Economie. Les échanges se raréfieraient, les entreprises et les commerces verraient leur activité s'amenuiser et il s'ensuivrait des fermetures et des licenciements en masse. Pris par la panique, les survivants épargneraient encore davantage et la spirale s'accélèrerait jusqu'à la catastrophe finale : la paralysie du pays.
Ce qui revient à dire que des cigales dépensières sont probablement plus utiles à l'Economie que ne le seraient des fourmis par trop prévoyantes. Et c'est précisément ce que nous sommes en train de vivre : une épargne excessive qui freine les dépenses, donc les échanges commerciaux. Les chiffres l'ont montré, les Français n'ont jamais autant épargné et les livrets n'ont jamais collecté autant de fonds.
Comment et pourquoi l'épargne atteint de tels niveaux ?
Face à la morosité ambiante, les ménages se montrent de plus en plus frileux et préfèrent épargner plutôt que dépenser. La crainte du chômage et de la perte de leurs revenus est maintenant tellement ancrée dans l'esprit des consommateurs qu'elle influe fortement – et de façon désastreuse - sur leur comportement. Par peur du lendemain, on reporte les achats à plus tard, on se prive volontairement et l'on préfère alimenter les bas de laine plutôt que de faire tourner l'industrie.
Mais alors, qui a intérêt à maintenir ce climat de défiance ?
Si l'on y regarde de près, on s'aperçoit que deux institutions ont intérêt à maintenir ce climat de crise permanente : la caste politique et le système bancaire.
1)
La caste politique : en persuadant la population que tout va mal et que l'avenir est incertain, la caste politique se pose en "sauveur" indispensable et peut ainsi maintenir ses administrés dans une soumission infantile totale. Votez pour nous et obéissez-nous, sinon… !
Au nom de cette sacro-sainte crise, tous les slogans électoraux sont permis et tous les partis politiques sans exception jouent sur ce tableau pour appâter les électeurs et faire accepter leurs décisions une fois élus. (et cette mystérieuse crise sert également d'excuse à l'incompétence de beaucoup, mais ceci est une autre histoire…)
Si tout allait bien, qui se soucierait de voter pour eux ? Appelle-t-on le Samu quand on est bien portant ?
2)
Le système bancaire : en jouant sur la crainte de l'avenir, les institutions bancaires incitent les consommateurs à épargner davantage, ce qui, bien sûr, ralentit le commerce mais en revanche gonfle considérablement les avoirs bancaires.
Les banques sont donc les grandes gagnantes de cet état de crise permanente qui pousse les épargnants à leur confier toujours plus de fonds.
Disposant alors d'un maximum de liquidités, le système bancaire peut les répartir comme bon lui semble, distribuer les crédits ou les investissements à sa guise et, en final, tirer les leviers et dicter aux peuples ses volontés en souverain absolu…
La solution ?
La seule solution valable consisterait tout d'abord à refuser ce lavage de cerveau permanent qui dure quand même, répétons-le, depuis plus de quarante ans et qui freine le progrès économique. Ensuite, la seconde étape consisterait favoriser la consommation au détriment de l'épargne afin rebooster les entreprises, seul moteur réel de l'économie.
Car il faut bien comprendre que ce ne sont pas les difficultés économiques qui engendrent la crise, mais la crise qui engendre les difficultés économiques.
La crise est comme une maladie psychosomatique : pas de cause réelle hormis celle de la rumeur et de l'esprit, qu'un placebo suffirait à guérir.
Et quel serait le placebo ?
C'est très simple, imaginez un instant que, pour changer un peu, l'ensemble des médias annonce que la crise est dernière nous. Imaginez que, au lieu d'évoquer perpétuellement les mauvais chiffres et les catastrophes, on ne nous parle plus que des réussites et des secteurs en bonne santé (car il y en a, soyez-en assurés). Progressivement la confiance renaîtrait, les épargnants épargneraient moins, les consommateurs consommeraient plus librement et l'Economie repartirait forcément du bon pied. Mais apparemment, une telle attitude positive n'est pas à l'ordre du jour !
Bien sûr, il y a d'autres causes au ralentissement de l'économie, tels que l'insuffisance de la masse monétaire permanente, la fuite des capitaux, la concurrence déloyale de la mondialisation, les cours du pétrole, etc, mais si nos dirigeants parvenaient déjà à relancer la consommation en diminuant la pression fiscale et en décourageant le trop plein d'épargne, les entreprises s'en porteraient mieux et cette pseudo-crise ne serait plus qu'un mauvais souvenir.
Mais tout ceci n'est qu'utopie, car la relance du moteur industriel ne figure ni dans l'agenda des institutions financières ni dans celui de nos gouvernants. Les "élites" (comme nous les appelons souvent
à tort) financières et politiques, trouvent certainement plus aisé de nous maintenir en esclavage, l'esclavage des temps modernes, l'esclavage financier…
G
Denamps
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