La trahison du Luxembourg
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Par sa décision de lever le secret bancaire et de soumettre au Fisc l’identité de ses épargnants, le Luxembourg a trahi la confiance de ses clients.
En effet, ce petit havre fiscal a décidé d’introduire au 1 janvier 2015 l’échange automatique d’informations selon les modalités prévues par la Directive 2003/48/CE du 3 juin 2003, connue sous le terme de "Directive Epargne".
En clair, Les banques luxembourgeoises seront tenues à cette date de révéler l’identité de leurs déposants ainsi que le montant de leurs avoirs !
Des milliers d’épargnants ont fait confiance aux banques luxembourgeoises en leur confiant leurs fonds, sans se douter qu’un jour ces même banques allaient se retourner contre eux en les livrant en pâture au fisc de leur pays d’origine.
Il est certain que l’attitude du Luxembourg n’était pas très morale puisque ses banques hébergeaient en toute discrétion de l’argent malsain, mais si ses dirigeants éprouvent soudainement des remords tardifs, il y avait certainement des moyens plus appropriés que la trahison et la dénonciation.
Quels auraient pu être ces moyens ?
Dans un premier temps, le Luxembourg aurait très bien pu décider de ne dévoiler que l’identité des nouveaux épargnants, ceux qui ouvriront un compte après le 1 janvier 2015.
Ensuite, on peut imaginer qu’il aurait pu ne signaler que les apports en espèces, c'est-à-dire ceux qui n’ont aucune origine vérifiable et par conséquent, douteuse.
Enfin, le Luxembourg aurait très bien pu fixer un plafond et ne dévoiler que les avoirs supérieurs à un certain montant. Une telle mesure aurait laissé à la majorité des clients le temps de se retourner en ne les obligeant qu’à ne rapatrier que le "surplus". Il aurait ensuite suffit de baisser chaque année le plafond pour arriver progressivement à la tolérance zéro, sur une dizaine d’années par exemple.
Donc on le voit, les mesures prises auraient pu être bien plus souples, plus progressives et en tout cas plus respectueuses de l’engagement pris.
Car il ne faut pas se leurrer, de par leurs infinies précautions les banques luxembourgeoises s’engageaient littéralement à la discrétion absolue. Même s’il n’était pas écrit, cet engagement était tacite dès l’ouverture de compte et l’attitude feutrée des conseillers le confirmait bien.
Mais aujourd’hui le vent a tourné et c’est un véritable coup de couteau dans le dos que le Luxembourg inflige à ses anciens "complices".
Une telle attitude ne portera pas chance à ses auteurs. Car il ne faut pas rêver : sommés de quitter les lieux, les épargnants vont soit rapatrier les fonds dans leur pays d’origine, soit les abriter sous d’autres cieux. Mais ils déserteront, c’est sûr, et nombre de banques mettront la clé sous la porte.
Car rien, hormis le secret bancaire, ne justifiait cet engouement pour les banques luxembourgeoises. Leur gestion n’est pas particulièrement attrayante et leurs performances tout à fait quelconques. Privées de leur secret, elles ne sont plus rien !
En outre, il faut bien comprendre que l’argent en espèces placé dans ces banques avait au moins l’avantage d’être réinjecté dans l’Economie mondiale. Alors que maintenant cet argent va stagner sous les matelas et dans les coffres-forts et va devenir stérile.
Le Premier ministre Jean-Claude Juncker a affirmé que le Luxembourg ne vivait pas de l'argent de l'évasion fiscale et que les "lumières n'allaient pas s'éteindre en 2015" pour les banques de son pays.
Vous vous trompez, Monsieur Juncker, vous vous trompez lourdement !!!
G.
Denamps
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