Pour stopper la hausse des frais de remboursements, assurances et mutuelles s'organisent désormais en réseaux de
soins avec les praticiens. Objectif : infléchir les tarifs.
C'est le genre de nouvelle qui met du baume au portefeuille quand tant de factures ont tendance à exploser. "J'ai
simplement eu à présenter ma carte de mutuelle et l'opticien m'a fait une remise de 35% sur les verres, soit plus
de 300€ d'économie" s'exclame cet assuré heureux. Mais, ce qui a le plus amusé Eric L. ça a été de voir la tête
des autres clients dans la boutique. "Eux aussi avaient une complémentaire santé, mais aucun n'a pu obtenir de
rabais. Je crois qu'ils n'ont rien compris" sourit-il.
Manifestement le système des réseaux de soins reste encore très peu connu en france. Imaginée par les mutuelles
et les assureurs pour contrer la progression inexorable de leurs dépenses, cette martingale est pourtant l'un des
moyens les plus efficaces pour faire baisser sa facture de santé. Son principe est d'ailleurs simplissime. Plutôt
que de rembourser les yeux fermés, certaines complémentaires sont aller négocier des tarifs avantageux avec des
milliers de professionnels, dentistes, opticiens et audioprothésistes, en leur faisant miroiter leur épais
portefeuille d'assurés, donc de clients potentiels. Et elles ont réunis ceux qui acceptaient de jouer le jeu dans
les réseaux, un peu comme les garages agréés des assurances automobiles. Bien sûr, les patients sont toujours
libres d'aller voir ailleurs et de payer le prix fort. Mais si, comme Eric L., il se laisent tenter, ils ont
l'assurance d'être reçus comme des huiles et d'être moins assaisonnés que les autres.
L'idée est venue des Etats Unis où les centrales d'achat ont peu à peu investi le secteur de la santé et réussi à
tirer les prix vers le bas. Elle a inspiré un virage radical à nos patrons de mutuelle et de compagnie
d'assurances. "Auparavant on regardait les coûts s'envoler les bras croisés et on se contentait de les répercuter
sur les cotisations de nos adhérents. Désormais nous agissons en amont pour les faire baisser", décrypte le
directeur santé de Kalivia, un nouveau venu sur le créneau.
"Ce qu'il y ade bien avec ce système, c'est que tout le monde en profite, renchérit le directeur médical de
Santéclair : les complémentaires peuvent retrouver un peu d'air, les assurés ont moins à débourser, les
employeurs voient la progression de leurs cotisations enfin contenue, et les professionnels de santé bénéficient
d'un surcroît de clientèle".
Pas étonnant que les mutuelles et les assurances succombent l'une après l'autre à cette nouvelle organisation en
créant leur propre réseau ou en en intégrant un déjà existant. Lancé dès 2003 par la Maaf, MMA et Allianz,
Santéclair par exemple accueille régulièrement de nouveaux membres, parfois de simples courtiers.
Les syndicats de praticiens crient à la baisse de qualité et redoutent que, à force de tirer sur les prix, on
réduise de façon drastique les marges bénéficiaires des professionnels.
Quant aux assurés, eux, ils n'ont pas encore tranché et seule une minorité d'entre eux fréquentent les
professionnels affiliés aux réseaux de soins. Du moins pour l'instant...
Extrait
de Capital
Sans titre
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